Anouk Vergé-Depré (par Marc Raeber)À 20 ans, Anouk Vergé-Depré a décroché la médaille d’or du Championnat du Monde M21 de beach-volley. De retour en Suisse, elle a également remporté le titre national devant son public bernois.

Le mois de septembre restera longtemps présent dans la mémoire d’Anouk Vergé-Depré. Elle est devenue championne mondiale junior à Halifax (Canada) avec Nina Betschart, avant de remporter l’or national à Berne avec Isabelle Forrer, sa partenaire habituelle. Après une déception en 2011, dues à la mononucléose qui lui a empêché de jouer à son meilleur niveau, l’athlète bernoise a finalement pu se réjouir. Revenons sur ces résultats satisfaisants avec les impressions d’Anouk.

Quels souvenirs as-tu du Championnat du Monde M21?

La victoire du tournoi m’a donné une grosse émotion. L’année dernière je n’ai pas plus y participer en raison de la mononucléose. J’avais été remplacée par Nina Betschart, qui avait remporté l’or. Vu qu’elle était la championne en titre, au Canada la pression sur notre duo était grande. Je ne pensais pas de pouvoir gagner la médaille d’or avec un résultat tellement clair, car le niveau des adversaires brasiliennes en finale était élevé. Mais finalement tout s’est bien passé!

Comment peux-tu expliquer ton entente particulièrement bonne avec Nina, malgré qu’elle ne soit pas ta partenaire habituelle?

Nina est une joueuse très talentueuse: elle n’a que 16 ans, mais elle a déjà participé à beaucoup d’événements juniors. Pour ma part, j’ai apporté à l’équipe mon expérience des compétitions internationales, indispensable pour maintenir la tranquillité dans les moments décisifs. On s’est bien complétées, aussi parce que je suis spécialisée en bloc, tandis qu’elle en défense. Au final, on a trouvé un bon équilibre.

L’or était plus un objectif ou un rêve qui s’est réalisé?

Les deux. On savait qu’une médaille était à notre portée et on la voulait. Mais gagner l’or c’est également un rêve, vu qu’on n’était pas les seules favorites.

Cette médaille a changé quelque chose dans ta vie?

Ma vie quotidienne est toujours la même. Bien sûr, j’ai reçu beaucoup de feedback positifs, autant d’amis que de personnes que je ne connais pas. En outre, les demandes d’amitié sur facebook ont augmenté après cette victoire. Mais pour moi c’est simplement super d’avoir montré qu’on est les meilleures!

Votre duo a donc parfaitement fonctionné. Après ce titre mondial, tu as recommencé à jouer avec Isabelle Forrer (30 ans) et, avec elle aussi, les résultats ne se sont pas faits attendre…

À la surprise générale, nous sommes devenues championnes suisses! Le potentiel était là, mais j’ai tout de même encore du mal à réaliser ce qu’on a accompli.

Vous avez joué sur la place fédérale à Berne. As-tu eu l’impression que le public était avec toi?

Oui, j’ai senti le soutien des bernois. Il y avait beaucoup de monde que je connaissais. Ils nous ont poussées vers cette victoire.

En demi-finale, vous avez battu (23-21; 18-21; 15-8) les favorites Kuhn/Zumkehr, qui ont participé aux Jeux Olympiques de Londres. Ceci a été le moment clé de votre Championnat Suisse?

On a joué sans attentes et sans pression. C’est fantastique de les avoir battues, mais la finale a aussi été excitante. Les deux derniers matchs ont été pleins d’émotions, je ne saurais pas dire ce qui était le mieux.

Maintenant la saison du beach-volley est terminée. Comment te tiens-tu en forme pendant l’hiver?

Jusqu’en novembre je me repose. J’en profite pour passer du temps avec mes amis. Durant ces mois, je n’ai pas de vrai programme: je me tiens simplement en forme avec ce qui me plaît, par exemple la danse. Ensuite je recommencerai ma préparation physique et sur le sable.

Pendant l’été tu voyages autour du monde, pendant l’hiver tu te trouves plus souvent en Suisse. De ce point de vue, est-il pour toi plus facile que pour d’autres athlètes de concilier sport et étude ?

Le semestre d’automne est en effet plus tranquille que le semestre de printemps. Jusqu’à Noël l’entraînement est réduit et j’ai donc plus de temps pour mes études. Après Noël je commence à être plus souvent loin de la Suisse et de l’Université, l’organisation devient alors fondamentale.

Est-ce que l’Université de Fribourg te donne un coup de main avec l’organisation de ton étude?

Je n’ai pas le statut d’«athlète d’élite », parce que pour l’instant je ne l’ai pas encore demandé. Il faut dire que c’est la première année que j’ai eu un tel succès dans ma discipline sportive. J’organise mes études le mieux que je peux, mais pour finir mon bachelor je vais certainement avoir besoin de plus de semestres qu’une étudiante “normale”. J’espère que l’Université me soutiendra quand le grand objectif des Jeux Olympiques se rapprochera.

Tu es en deuxième année de «Science de la communication et des médias». Selon toi, quelle importance ont les médias dans le monde du beach-volley pour se faire connaître?

J’ai une page web (avec Isabelle Forrer) et je suis active sur facebook. Il est important de construire des contacts avec les médias et les sponsors, qui nous donnent une contribution financière. On peut parler d’une spirale. S’il y a plus d’articles, il y a plus de sponsors. Les sponsors profitent si la quantité d’articles est majeure. Avec les sponsors, l’importance du beachvolley augmente. Les médias en parleront de plus, parce que le public sera plus interessé. La marge d’amélioration dans ce champ est énorme: le beach-volley a un grand potentiel, il faut du temps pour le médiatiser davantage. Il s’agit d’une discipline sportive profitant d’un poids médiatique très limité pour l’instant, c’est pour cela qu’il est important que les athlètes de beachvolley collaborent avec les médias. Chaque côté pourra en profiter.

Tania Binsacca