Quelle position adopter face à la hausse des taxes de l’Université de Fribourg ? Telle était la question lors de la dernière séance du Conseil des étudiants. Les méthodes du collectif Stop la Hausse Fribourg ont notamment été critiquées. Retour sur les événements. 

Dans le contexte de hausse des taxes dans plusieurs universités suisses, la hausse des taxes semestrielles de l’Université de Fribourg ne cesse de faire parler d’elle. Elle était également à l’ordre du jour lors de la dernière séance du Conseil des étudiants, mercredi 22 novembre. Pour rappel, l’Assemblée générale du collectif Stop la Hausse Fribourg s’était tenue la vieille. Il avait été notamment décidé de continuer la mobilisation dans l’unique but d’annuler la hausse des taxes : « C’est grâce à cette position de force au sein du débat public que le Collectif compte désormais faire pression et influencer le débat institutionnel dont les étudiants et doctorants ont été éjectés », rapporte Simon Gauthier, un des membres du collectif Stop la Hausse Fribourg. C’est un autre discours qui a été tenu du côté de l’AGEF et des membres des Fachschaften.

Conseil des étudiants mouvementé

Durant la séance, le comité de l’AGEF a demandé à la partie législative, soit les différents membres des Fachschaften, de prendre une décision pour la suite des événements concernant la hausse des taxes. Après avoir rappelé les événements de mobilisation organisés jusqu’alors, la co-présidence a déploré l’impossibilité quasi certaine d’annuler la hausse de 180 francs. S’étant entretenus avec des politiciens fribourgeois, ils affirment que la majorité bourgeoise du Grand Conseil refusera certainement un retour en arrière.

« … accepter l’idée d’une hausse, c’est accepter la méthode avec laquelle elle a été imposée, c’est accepter qu’il puisse y en avoir d’autres »

Simon Gauthier

Le Comité de l’AGEF a dès lors suggéré aux étudiants de ne plus s’opposer catégoriquement à l’annulation de la hausse des taxes et de proposer un compromis en demandant une réduction du montant de la hausse auprès du rectorat. Ceci aurait selon eux davantage de chances d’aboutir. Il faut ici rappeler la position de l’AGEF qui était dès le départ peu optimiste. En effet, déjà lors du Conseil des étudiants du 25 octobre, avant même la manifestation, Jean-Thomas Vacher avançait le peu de chance qu’avaient les étudiants d’annuler la hausse de la taxe dans son entier. Simon Gauthier déplore le choix de l’AGEF : « La manifestation, la pétition et l’existence de Stop la hausse ont prouvé qu’il y a aujourd’hui à Fribourg un terreau prêt à se mobiliser sur la durée contre la hausse de la taxe. L’AGEF se doit de continuer à mobiliser les étudiants pour mettre en place des actions et des rassemblements, ce n’est pas uniquement à Stop la Hausse de le faire ».

Quelques 700 étudiants s’étaient mobilisés contre la hausse des taxes semestrielles lors de la manifestation du 9 novembre dernier

Deux stratégies bien distinctes

Pour les représentants du collectif Stop la Hausse Fribourg, présents au Conseil des étudiants, un compromis n’est pas envisageable : « L’AGEF va à l’encontre de son argumentaire qui avait été envoyé à tous les étudiants par mails au début de la mobilisation et se discrédite ainsi. Stop la hausse Fribourg a beaucoup soutenu l’AGEF à cause de cet argumentaire. On se sent floués avec ce revirement. De plus, accepter l’idée d’une hausse, c’est accepter la méthode avec laquelle elle a été imposée, c’est accepter qu’il puisse y en avoir d’autres », regrette Simon Gauthier. Robert Avery, co-président administratif de l’AGEF dément : « Il est cependant évident que nos deux instances se battent pour les mêmes buts : que l’éducation soit un bien et non un luxe ».

La stratégie du Collectif se veut politique, en maintenant le contact avec les politiciens fribourgeois. Vendredi dernier, une délégation du Collectif a ainsi rencontré Jean-Pierre Siggen, Directeur de l’instruction publique, de la culture et du sport. Selon un communiqué du Collectif, « le conseiller d’Etat ne considère pas que le canton sous-investisse dans son université » (43%, contre 65% pour le canton de Vaud ou 52% pour celui de Berne). Il aurait entre autres affirmé que « l’effort demandé aux étudiants-e-s et doctorant-e-s est supportable ». Le Conseil d’Etat camperait pour l’instant sur ses positions.

« Le problème, c’est que nous ne pouvons pas avoir un contrôle sur les actions du collectif »

Robert Avery

En demandant une réduction du montant de la hausse au rectorat, le Conseil des étudiants souhaite de son côté minimiser les dommages économiques pour les étudiants, plutôt que d’exiger des mesures trop drastiques à des fins « idéologiques ». Selon Robert Avery, l’AGEF compte tout de même aller à l’encontre des politiciens et des chefs de Groupes du Grand Conseil afin de continuer à mobiliser les politiciens. Pour ce qui est du rectorat, cela semble par contre d’ores et déjà partir du mauvais pied. En effet, lors d’une interview donnée jeudi dernier à la RTS, Astrid Epiney affirmait : « Je ne pense pas que l’on peut discuter sur le montant de la taxe ».

Qui aura le dernier mot ?

Mais pourquoi, une collaboration n’est-elle pas envisageable entre les deux parties ? Avec les actions du collectif et les moyens financiers ainsi que la légitimité de l’AGEF, la suppression de la hausse des taxes semblerait avoir davantage de chance d’aboutir. Pour les membres du Conseil des étudiants, le manque de légitimité démocratique ainsi que les actions « radicales » du Collectif sont les principales raisons de l’impossibilité d’une affiliation officielle. « Ce que le CE a refusé est une affiliation. Une alliance, par contre, a même été encouragée. Le problème, c’est que nous ne pouvons pas avoir un contrôle sur les actions du collectif », affirme Robert Avery. Plusieurs contre-motions ont été déposées durant la séance pour proposer un soutien actif à Stop la Hausse Fribourg mais ont toutes été refusées par une majorité des étudiants. « On devrait nous allier officiellement. On pourrait faire tourner le rapport de force pour que notre revendication de la suppression totale de la taxe soit entendue au niveau politique », constate Simon Gauthier.

Les intérêts des étudiant-e-s de Fribourg dans l’affaire de la hausse des taxes universitaires sont donc dès à présent représentés et défendus par deux entités. D’un côté, le Collectif Stop la Hausse Fribourg en menant des actions dans la rue et des discussions avec les politiciens dans le but d’annuler la totalité de la hausse. De l’autre côté, l’AGEF qui souhaite négocier la baisse de la hausse de la taxe avec le rectorat. Reste maintenant à l’étudiant-e de se mobiliser et de demander ce qu’il juge le droit d’exiger au rectorat et aux politiciens.

Crédits Photos : Collectif Stop la Hausse